Dans les années 80 les groupements villageois ont été favorisés pour aider les paysans à acquérir des moyens de production, des crédits… Pour bénéficier de ces aides beaucoup de paysans se sont organisés en groupements et inscrits officiellement dans leur commune. Mais très peu savent comment faire vivre leur propre groupement qui n’est bien souvent qu’un groupe d’individus d’un même quartier de village.
L’audit réalisé par David Sanou, consultant pour DEZLY Consulting, concernant les groupements paysans de Ouoro le révèle en effet . Ces groupements ont bien des statuts officiels mais la population majoritairement analphabète n’a pas la possibilité d’en tirer parti. Voir : Rapport de l’étude diagnostic de six OP du village de Ouoro (Pdf)
Pour voir les formations de l’année 2016 :
Comptes rendus des formations agricoles – 2016 – dans le village de OUORO. Programme trisannuel. Année II
et les formations de l’année 2017 :
Comptes rendus des formations agricoles – 2017 – dans le village de OUORO. Programme trisannuel. Année III
Edith PICHARD a pu assister, le 2 février, au lancement de la première formation transversale du plan trisannuel de formation piloté par David SANOU.
La première formation
La dynamique de groupe, rôles, tâches et vie associative/coopérative
Des représentants des six groupements sélectionnés ont bénéficié d’une formation sur la vie coopérative et associative qui va leur permettre d’optimiser leur fonctionnement.
Les objectifs de cette formation étaient de fournir aux responsables des organisations les connaissances élémentaires sur la vie coopérative. Basée sur l’échange oral et la réponse à leurs questions, la formation leur a permis de savoir par exemple comment remplacer un trésorier parti en Côte d’Ivoire, changer de Présidente qui se sentait trop fatiguée, le rôle des responsables dans l’information des membres, la tenue de réunions, la gestion transparente des cotisations, le suivi et le contrôle des résultats des activités …
Une rencontre-bilan a pu avoir lieu au village le 17 février 2015 avec ces mêmes groupements et la délégation de Mil’Ecole, en compagnie de nos représentants locaux (Alphonse SAMA et Paul BAMOGO) : les participants ont pu exprimer leur satisfaction et tout l’intérêt qu’avait eu pour eux la formation sur la vie coopérative. Et, dans une sorte de mise en pratique de leur rôle, plusieurs responsables de groupements avaient déjà réunis leurs membres pour les informer du contenu de cette première formation.
Voir le rapport de formation établi par David Sanou (Pdf) : Rapport de formation sur la vie coopérative et les rôles et tâches pour les responsables de 6 groupements de producteurs du village de Ouoro
Palabre avec Mil’Ecole
Palabre avec Mil’Ecole
La seconde formation
Entrepreneuriat agricole et techniques simplifiées de planification
Cette formation a concerné 5 groupements d’agriculteurs, le 6ème étant un groupement d’éleveurs.
Les objectifs de la formation. L’objectif principal de cette formation est de fournir aux responsables des organisations les rudiments nécessaires à la création et la conduite d’une petite exploitation agricole cad de proposer aux agriculteurs d’analyser leurs pratiques et leurs productions en termes de revenus par récolte, de marge brute, le tout dans un enchainement calé dans le temps.
La formation a consisté en simulations d’exemples pour chaque thème sur la base des campagnes agricoles écoulées, mettant ainsi les apprenants dans une situation réelle de planification, de budgétisation et de tenue de compte de trésorerie.
Voir le rapport de formation établi par David Sanou (Pdf) : Rapport de formation sur l’entrepreneuriat agricole et les techniques simplifiées de planification pour les responsables de 5 groupements de producteur du village de Ouoro
Cette formation devrait les aider à pouvoir faire des choix techniques et intégrer des innovations dans leurs pratiques agricoles, ce qui sera au cœur des formations suivantes : création de fosses fumières et gestion des différentes spéculations – sésame, arachides, mil – en avril-mai 2015
La troisième formation
Création de fosses fumières
Fin avril-début mai a eu lieu la formation sur la création de fosses fumières à OUORO avec l’appui de DEZLI consulting – la structure de formation de David Luther SANOU et le soutien de nos partenaires Paul BAMOGO et Alphonse SAMA. Cette formation a permis la mise en application concrète des techniques de fosses alternées élaborées et testées par Mahamadi SORGHO, responsable de la ferme pilote de Goéma…(Voir notre article)
David, Paul et Mahamadi
à la ferme pilote de Goéma
Mahamadi explique cette technique
à Paul et David
4 fosses les unes à côté des autres
sont nécessaires
Cette technique consiste en la création de fosses fumières en rotation (voir notre article dans BurkinaDoc) n’utilisant aucun intrant chimique. Ce qui a le double avantage de préserver et enrichir les sols d’une manière durable, tout en évitant des charges financières toujours difficiles à assumer par les paysans et souvent responsables de l’échec de la pérennité des formations. En outre ces fosses ont l’avantage de ne pas nécessiter de ciment et peuvent donc être déplacées dans le futur si le besoin s’en faisait sentir.
Dans un second temps, chacun des groupements de paysans a foncé ses propres fosses fumières, puis quinze jours après, a eu lieu le retournement des premières fosses fumières : les choses sont donc en route et les premiers composts seront prêts pour les semis à venir avec les premières pluies ! Gros succès de la formation suivie par plus de 70 stagiaires, alors qu’au départ elle était prévue pour 25 personnes.
Voir le rapport établi par David SANOU (pdf) : Rapport de formation sur les techniques de production du compost
On compte beaucoup sur ces techniques simples afin de faire progresser la productivité de leurs spéculations (sésame, arachides, céréales natives…)
On prépare les agrégats :
argile, cendre, fumier et paille
On creuse 4 fosses peu profondes
de forme rectangulaire
On remplit par couches,
on arrose et on tasse
15 jours après on retourne
le contenu de la 1ère fosse dans la 2ème
La quatrième formation
Les itinéraires techniques du sésame, du niébé et du mil
Cette formation a concerné les cinq groupements agricoles : comme pour les fosses fumières, son succès a été évident avec plus de cinquante stagiaires (pour 25 prévus au départ). Elle s’est déroulée en avril-mai dernier, en parallèle des formations sur les fosses fumières. Son objectif était de faire le point sur les techniques de production du sésame, du niébé (haricot) et du mil…Pour chacune de ces activités, les questions abordées ont été les suivantes :
Cette formation a été conduite en y intégrant la collaboration de l’agent technique agricole de la commune (Sarata SAWADOGO) qui aura pour mission de suivre régulièrement l’application des conseils dispensés pendant cette formation auprès des groupements. Voir le rapport établi par David SANOU (pdf) : Rapport de formation sur les itinéraires techniques du sésame, niébé et mil.
A l’écoute des conseils de l’agent technique de la commune
Exercice d’application des techniques de semis
La cinquième formation
Les techniques de fauches et la conservation de fourrage naturel
Formation en 3 jours
Elle comprend aussi une formation sur la période de fauche, la fenaison et le choix des herbes.
Initialement prévue pour le groupement d’éleveurs qui compte 23 personnes, la formation a finalement enregistré la participation de tous les six groupements accompagnés dans le village. En effet, la population du village de Ouoro à l’instar de la majorité de la population burkinabé, pratique l’élevage comme activité secondaire en plus de l’agriculture
Tous les groupements ont manifesté leur intérêt pour l’apprentissage de ces pratiques qui viennent en appui des activités de l’agriculture vivrière.
Les 6 groupements ont été équipés de matériel nécessaire à la fauche et la conservation du fourrage en particulier de botteleuses.
Voir le rapport établi par David Sanou : Les techniques de fauches et la conservation de fourrage naturel
Visite des champs des 4 groupements féminins par Mil’Ecole
Octobre 2015
En octobre nous avons été invités à découvrir le travail des groupements féminins sur leurs champs collectifs dont les produits seront vendus. Les femmes étaient vraiment fières de nous montrer les rendements nettement meilleurs là où elles avaient pu mettre le compost qu’elles venaient d’apprendre à faire.
A près avoir constaté l’éloignement de ces champs par rapport aux points d’eau, Mil’Ecole a fourni des pousse-canaris à chacun des 4 groupements pour alléger leur charge de transports d’eau.
Lors d’une palabre à l’ombre des arbres, chaque groupement a pu émettre ce qu’il envisageait de faire avec l’argent récolté : aide au paiment de la scolarité des enfants ou achat d’outils agricoles ou encore prêt à des membres pour petit commerce (début de microcrédit interne…)
Botteleuses
Pousse-canaris
Sur le chemin d’un champ collectif
Champ de sésame
du goupement Namanegzanga
La liste du matériel dont dispose, après une année de formation, chacun des 6 groupements
2 pics – 2 pelles – 2 râteaux – 2 fourches – 2 faucilles – 1 brouette – 5 paires de bottes – 5 paires de gants – 1 botteleuse et 1 pousse canaris (pour 4 groupements féminins)
Enquête complémentaire pour un plan de suivi des performances des groupements
Cette enquête complémentaire a permis d’établir une situation de référence sur les rendements de production des groupements, le niveau de maitrise des techniques enseignées le long du projet, le niveau de revenus tirés des AGR (Activités Génératrices de Revenus) que le projet aidera à développer.
Un plan de suivi en a découlé et permettra de mesurer périodiquement les performances du projet et d’en évaluer l’impact.
Voir L’enquête complémentaire pour un plan de suivi des performances des groupements, réalisé par David Sanou pour Dezely Consulting
Les formations en vue des années 2016 et 2017
Elles porteront sur l’embouche caprine pour le groupement des éleveurs et aviculture pour les 6 groupements. Pour chacune de ces 2 activités le projet comporte un volet formation et un volet dotation en lots d’animaux et en équipement ;
puis sur les techniques de transformations des produits agricoles : production du soumbala, extraction d’huile et la fabrication de tourteaux (arachides et sésame), fabrication de beurre de karité et de savon.
En marge des formations
Travaux de réparation de la route–piste
Par ailleurs Mil’Ecole avait pu constater sur place que les besoins d’un chantier pour entretenir la voie d’accès au village de Ouoro étaient perçus comme une priorité. L’association avait donc mis cette réfection dans son plan trisannuel :
Les camions loués
par Mil’Ecole
Les brouettes qui reviendront
aux différents groupements
Les agrégats rassemblés
par les villageois
Un lourd travail collectif
effectué par les paysans
Mil’Ecole devait aussi financer partiellement les repas des personnes participant à ces travaux d’intérêt public. Mais n’ayant pas obtenu la participation financière souhaitée de la commune (dont l’activité est très ralentie durant la transition) pour l’achat du ciment nécessaire à la consolidation des travaux, les groupements de OUORO ont décidé de ne pas utiliser l’argent que Mil’Ecole avait provisionné pour payer leur repas (donc de se financer eux-mêmes ces repas), afin d’utiliser cet argent pour acquérir le ciment et cela sans doute avant l’arrivée de la saison des pluie…