dans les villages de Ouoro, Sourgou, Guirgo, Là, Rogho et Koughsin
et les collèges et lycée
Nous savions que les grossesses précoces non désirées en milieu scolaire est un véritable fléau qui préoccupe les Burkinabè et que beaucoup sont conscients des problèmes posés par la démographie galopante du pays.
L’article que Marie-Claire BOUTTER, sage-femme et membre de Mil’Ecole, a fait suite à un séjour d’étude au Burkina Faso en 2015 nous avait montré les efforts faits par le pays et les difficultés pour la mise en place d’un planning familial.
Voir : Contraception en Afrique sub-saharienne : obstacles et préjugés, l’exemple du Burkina Faso
Nous savons aussi qu’il est terriblement délicat d’aborder cette question en tant que « blancs » et « du Nord » c’est pourquoi nous n’avons que soutenu financièrement ces séances de sensibilisation totalement élaborées et mises en place par nos correspondants burkinabè et leurs confrères.
Depuis 3 séances de sensibilisation ont eu lieu dans les villages de Sourgou en 2018, en 2019 et en 2021 (l’année 2020 ayant subi le blackout dû aux mesures sanitaires) et certaines autorités locales ont émis leur souhait de voir ces activités se poursuivre et s’étendre à d’autres zones de la région.
Naissance
et
Élaboration du projet par Paul BAMOGO et Alphonse SAMA, correspondants de Mil’Ecole
C’est à la demande, en décembre 2017, de Jean-Loup MAHIEU, un des membres de Mil’Ecole particulièrement sensibilisé aux effets de la pression démographique sur le développement durable que ce projet a pris forme.
En février 2018, lors de notre mission, nous avons pris le temps d’en discuter avec nos correspondants locaux, Paul BAMOGO et Alphonse SAMA, enseignants.
Nous leur avons demandé ce qu’ils pensaient de la faisabilité d’un projet de sensibilisation auprès des jeunes scolarisés (collèges et lycée) et des populations locales autour des thématiques démographiques en ciblant l’information sur les questions des grossesses précoces non désirées et de l’espacement des naissances.
Paul et Alphonse ont très vite répondu à cette demande, mis sur pied un projet associant des enseignants et des personnels de santé et organisé les communications avec les élèves de 2 collèges, d’un lycée et avec le « grand public » dans 4 villages de la commune de Sourgou.
Dès le mois de mars ils nous ont présenté un projet d’activité très précis et détaillé qu’ils avaient élaboré.
Voir : Projet de d’information et de sensibilisation sur les problèmes de population dans la commune de Sourgou
En conclusion de son Rapport 2018, Paul nous dit :
« Pour un avis personnel, cette action me tient à cœur car c’est l’une des clés du développement. Difficile, voire impossible d’aller vers le développement durable sans transition démographique.
Merci à Jean Loup et à tous ceux qui ont bien voulu accompagner cette action d’un très haut impact pour nous éducateurs convaincus que le développement passe par là.
Merci à Mil’Ecole d’avoir osé s’engager derrière un sujet aussi tabou, comme celui-là, dans nos contrées. Je peux dire sans risque de me tromper que vous êtes une association pionnière dans ce domaine au Burkina et c’est aussi une innovation majeure. Vous montrez par-là, la voie à suivre à beaucoup d’autres, c’est-à-dire à tous ceux qui se sont engagés à accompagner véritablement les populations en difficultés.
Osons le changement comme dirait quelqu’un »
Alphonse et moi réitérons notre engagement à soutenir la poursuite de ces séances de sensibilisation.
C’est le bilan de cette action menée en avril-mai 2018 qui est ici présenté.
1ère année de la sensibilisation
Mars – avril – mai 2018
Les priorités choisies sont la prévention des grossesses précoces des jeunes filles (comme obstacle à leur scolarisation) et la nécessité de concevoir un espacement des naissances (pour protéger la santé des jeunes femmes).
Ces sensibilisations se font à la fois en milieu scolaire post-primaire (3 collèges et 1 lycée à Sourgou, Ouoro et Guirgo), mais aussi en direction des populations villageoises, en collaboration avec les enseignants et les personnels de santé des différents CSPS (centres de santé).
L’ensemble des activités a été élaboré par Paul BAMOGO et Alphonse SAMA, correspondants de Mil’Ecole.
Voir ci-dessous le Rapport de Paul Bamogo de la mise en place et du déroulement cette 1ère action de sensibilisation.
2ème année de la sensibilisation
Mars-avril 2019
Pour cette seconde année, sur proposition de nos correspondants Paul et Alphonse, nous avons introduit trois nouveautés dans le dispositif :
– Une réunion préalable avec les leaders communautaires (responsables coutumiers et religieux, élus locaux) afin d’expliquer la démarche du dispositif.
– Une série de séance de théâtre forum avec la troupe « Anciens » de Koudougou qui est intervenu au moment des marchés locaux dans les 5 villages prévus : Sourgou, Là, Guirgo, Rogho et Ouoro auxquels s’est rajouté, sur leur demande pressante, le village de Koughsin.
Le principe du théâtre forum étant que chaque représentation est accompagnée d’un débat avec les populations Elles ont toutes eu un énorme public.
– La participation, pour les élèves, de l’Association Burkinabè pour le Bien Être Familial (ABBEF) – Le Centre d’écoute pour jeunes, une ONG nationale intervenant dans la Santé de Reproduction et planification familiale ouvert depuis 20 ans à Koudougou. Ils ont assuré l’animation des interventions cette année auprès des élèves de 3 collèges et du lycée de Sourgou avec, selon Paul et Alphonse, un très grand professionnalisme.
Selon eux l’éducation sur ces questions est une urgence en raison d’un accès très limité à la contraception (pourtant en passe d’être déclarée gratuite en théorie)
Le proviseur du lycée de Sourgou, Karim YAGO, nous a dit :
« Cette initiative en cours depuis deux ans maintenant semble avoir permis une baisse significative du nombre des grossesses des jeunes filles scolarisées, (ce qui est confirmé par Paul à l’échelle de son collège) et « les retours des parents ont été dans l’ensemble très positifs et en amont la séance avec les leaders communautaires a porté ses fruits en clarifiant aux yeux de tous les enjeux et les objectifs de cette sensibilisation »
3ème année de la sensibilisation
Novembre 2021
Cette action a été lauréate du Prix Initiatives Région Alsace Loraine PIRA organisé par la BPLALC.
La sensibilisation en direction des élèves
Les séances se sont tenues dans les établissements d’enseignement post-primaire et secondaire de la commune (3 collèges et le lycée de Sourgou) auxquels s’est rajouté le lycée départemental de Sabou. Elles ont été facilitées par Monsieur ZONGO Sibiri, Conseiller Municipal de la Commune de Sourgou et par ailleurs chargé d’animation dans un projet intervenant dans les périphéries de Ouagadougou sur les grossesses non désirées en milieu scolaire.
Au total environ 1050 élèves ont pu prendre directement part aux animations. Elles ont également connu la participation de 55 enseignants et agents de la vie de scolaire et du président Communal de l’Association des Parents d’Élèves de de la commune de Sourgou.
On note la participation des élèves de l’école primaire publique de Sourgou « A » (245 élèves : CE2, CM1, CM2) et de leurs 8 enseignants.
La rencontre d’information/sensibilisation des leaders communautaires
Cette rencontre, animée avec l’appui de l’Association Burkinabè pour le Bien-Être Familial (ABBEF) a connu la participation de 51 personnes (pasteurs, imam, catéchiste, chefs coutumiers conseillers municipaux et quelques chefs d’établissement, majors des 04 Centres de Santé et de Promotion Sociale, Comités Villageois de Développement des 6 villages, SG et les 1er et 2ème adjoints au Maire de la Commune de Sourgou, le Préfet du département de Sourgou).
Les séances de sensibilisation avec le théâtres forum dans les 6 villages de la commune de Sourgou
pour passer le message sur les problèmes de population avec la troupe « Ancien », comme en 2019. Ces séances de sensibilisation se sont tenues les jours de marché des villages et sur les places publiques suivies de débats animés par les agents de santé qui ont promis discrétion et disponibilité pour toutes les personnes qui désirent se faire accompagner dans la
planification.
La population directement touchée est estimée à 1800 personnes.
Voir en pdf : Le Rapport 2021 très complet de Paul Bamogo
Le Rapport de Paul Bamogo
La mise en place et le déroulement de la 1ère action de sensibilisation
2018
Grâce à l’appui de l’Association Mil’Ecole, ONG française intervenant au Burkina Faso, ses correspondants locaux, Paul BAMOGO et Alphonse SAMA, ont organisé dans 4 villages et dans trois établissements de la commune de Sourgou, des séances d’information et de sensibilisation au profit des élèves et de la population sur la thématique générale : « Education en matière de population »
Ces séances se sont déroulées dans la période du 10 avril au 15 mai 2018
Le présent rapport qui s’articule autour des points ci-dessus rend compte du déroulement de ces activités :
A – De l’acquisition du matériel de sonorisation et de films
B – De l’organisation et de la tenue des séances de sensibilisation
C – De la dotation des établissements en manuels
Pour chaque point, le rapport fait ressortir la démarche de mise en œuvre, les résultats atteints, les difficultés rencontrées et les suggestions faites avec quelques illustrations à l’appui.
A – De l’acquisition de matériel de sonorisation et de films
Pour les besoins de l’organisation il a été prévu l’acquisition de matériel de sonorisation et de projection. Et Pour ce faire, les correspondants ont pris attache avec des commerçants de Koudougou parmi lesquels un a été retenu et c’est ce dernier qui a livré le matériel
Ce matériel se compose de : deux hauts parleurs avec amplificateur et lecteur incorporés, d’un microphone, d’un groupe électrogène, d’un vidéo projecteur, d’une toile, d’un régulateur de tension, de rallonges de câbles et d’ampoules.
La principale difficulté rencontrée a été la sous-estimation du coût du rétroprojecteur. Prévu pour 150 000 FCFA, il a finalement coûté 180 000 en seconde main, le neuf valant 270 000 FCFA En termes de suggestions, nous proposons la possibilité de mises en location du matériel s’il y a la demande. Les ressources acquises seront mises à contribution pour son entretien et, selon les ressources dégagées, permettre de conduire d’autres séances.
B – De l’organisation et de la tenue des séances de sensibilisation
L’organisation des séances de sensibilisation a consisté en la recherche de films et tout autre support pouvant servir à la bonne réussite des animations, en la recherche des autorisations préalables à la tenue effective des séances auprès :
– Des directeurs des établissements concernés,
– Du maire de Sourgou et
– De la direction régionale de l’enseignement post-primaire
qui ont été saisis par des demandes pour requérir leur accord. Ils ont été tous favorables à la tenue de cette activité (le Maire après quelques hésitations a bel et bien marqué son accord pour la tenue de ces séances, comme en témoigne son autorisation pour les animations publiques) ;
et au recrutement des communicateurs :
– Les agents de santé (Majors et Sages-femmes accoucheuses) de 4 villages de la commune (Ouoro, Là, Sourgou et Rogho) ont été saisis par rapport aux communications relatives à la santé de la reproduction et aux méthodes contraceptives.
– Deux agents du service social de la mairie de Koudougou pour les communications en lien avec les grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire
– Un géographe enseignant au lycée provincial de Koudougou pour les communications en lien avec les problèmes que pose une démographie galopante à des pays pauvres comme le Burkina Faso.
Toutes ces activités (organisation et tenue des séances) se sont déroulées du 10 avril au 15 mai 2018
Cliquez sur les lettres pour ouvrir les courriers en Pdf
A gauche, l’autorisation de sensibilisation dans les établissements de Monsieur le Directeur Régional des Enseignements Post-Primaires et secondaires du Centre-Ouest
A droite, l’autorisation de sensibilisation de Monsieur le maire de la commune de Sourgou
(dont dépendent les villages de Sourgou, Ouoro, Là, Guirgo et Rogho)
C- De la dotation en manuels à l’établissement
Chacun des 3 établissements post-primaires et secondaires concernés par les sensibilisations ont reçu 20 manuels traitant de l’éducation en matière de population.
Pour le moment cette action n’a pas eu lieu mais ne tardera pas à être réalisée.
Les communications se sont déroulées à deux niveaux
I – Les établissements post-primaires et secondaires
où il a été question d’une part,
– d’établir le lien entre une démographie galopante et les problèmes de développement,
– des grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire et de leurs conséquences
et d’autre part,
– des méthodes contraceptives conseillées aux élèves.
Ces communications ont été suivies, le soir venu, de projection vidéo faisant ressortir
– les conséquences néfastes des grossesses précoces et non désirées pour les familles et pour les élèves.
Cette activité s’est déroulée dans le lycée départemental de Sourgou, au Collège de Sourgou et au Collège de Guirgo. Elle a connu la participation massive des élèves et celle des enseignants aussi bien du primaire que du secondaire (comme en témoigne les listes de présences ).
II – Les animations grand public
Elles ont été organisées dans les quatre villages. A ce niveau ce sont les agents de santé qui ont été plus en vue.
Après avoir mené des causeries débats sur
– Les problèmes liés aux fratries nombreuses et leurs conséquences sur les économies familiales,
– Une projection sur la planification familiale a été faite.
Cette projection est aussi suivie de
– causeries ou débats
– de conseils prodigués par les agents de santé (major et accoucheuse)
Cette activité a surtout connu une forte participation des femmes qui nous ont semblé vraiment intéressées par ces questions à travers leur participation aux débats et les questions qu’elles ont posées.
Pour stimuler la participation, des gadgets étaient prévus pour récompenser celles et ceux qui avaient le plus participé au débat et ce sont surtout les femmes qui les ont remportés. (Savon fabriqué à Ouoro + t-shirst + moustiquaires offertes par le major de Ouoro)
Séances nocturnes de projection dans les villages
qui seront remplacées par des séances dans les marchés en plein jour de théâtre forum en 2019 et 2021
Réflexions
En somme, toutes ces activités ont connu un fort engouement qui est allé au-delà de nos attentes étant donné que c’est un sujet controversé que nous avons abordé.
Nous retenons surtout après ces tournées que, d’une manière générale, le public cible de notre action (élèves et populations) s’est montré très intéressé par les thèmes abordés pour amener des idées pour ou contre, mais tout le monde était disposé aux débats.
Les femmes ont souhaité que des causeries comme celles-ci se répètent car très souvent, elles ont vraiment besoin d’espacer les naissances mais ne savaient comment s’y prendre et craignaient de se rendre au centre de santé à ce propos.
Les élèves également étaient très intéressés et ceux des établissements qui n’ont pas été touchés nous ont approchés pour qu’on y intervienne.
Les enseignants qui ont participé ont également reconnus la justesse des thèmes abordés et ont souhaité que ces séances soient répétées au niveau des élèves.
Enfin, des habitants des villages de Kougsin de Rialo et de Goguin qui ont pu suivre occasionnellement quelques séances ont émis le souhait de les voir se produire dans leur localité.
Les difficultés rencontrées
En raison de l’étroitesse des salles de classe ayant abrité les séances de communication dans les établissements, cela obligé certains élèves à rester suspendus aux fenêtres, et les projections dans les villages qui étaient de nuit ne permettaient d’avoir de bonnes prises de vue et par ailleurs nous obligeaient à rejoindre tardivement nos domiciles après l’activité (entre 23 h et 24 h). En 2019 et 2021 les séances de théâtre forum ont remplacé les projections. Elles ont donc pu se dérouler en plein jour dans les marchés.
Mais tout de suite je dis : pas de regret. Et Alphonse et moi nous sommes satisfaits de ce que nous avons réussi à faire et sommes prêts à recommencer d’autres expériences du genre.
En suggestion
Nous disons simplement qu’il faut dans la mesure du possible reconduire ces séances dans tous les villages de la commune de Sourgou car les agents de santé se sont engagés à nous y accompagner et soulignent que les attentes sont immenses en la matière.
Il y a lieu également de revoir les méthodes de communication pour y intégrer le théâtre forum (ce qui a été fait en 2019 et 2021).
Des retours encourageants.
Au moment où je bouclais ce rapport, le major de Rogho m’a appelé pour savoir si l’on pouvait encore revenir dans le village pour d’avantage sensibiliser car dit-il « depuis votre passage, nous avons enregistré en quelques jours, une augmentation du nombre de femmes qui viennent pour des conseils sur les méthodes contraceptives. Je suis certain que ce sont les effets de vos sensibilisations ».
Au lycée et dans les CEG, j’ai personnellement constaté que des professeurs, notamment de français, ont demandé à leurs élèves de préparer des exposés sur les grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire.
Sans nous flatter nous osons croire que ce sont effectivement les effets de notre action que la plupart des acteurs de l’éducation n’ont cessé de saluer.
Conclusion
En conclusion, nous revenons juste sur nos avis :
– Couvrir les villages et établissement non touchés par cette vague de sensibilisation
– Reconduire périodiquement cette action de sensibilisation
– Inclure le théâtre forum dans les modes de communication (fait en 2019 et 2021)
– Elargir les thèmes de causerie