Une expérience positive en milieu rural burkinabè
Mis en place en 2018-2019 la formation avait impliqué 168 femmes réparties en 6 groupes. Pour la 2de année (2019-2020) ce sont 285 femmes et 2 hommes répartis en 12 groupes !
Après 4 ans d’intervention sur le village de Ouoro auprès de groupements de femmes (Voir nos articles : Ouoro), est apparu une demande de formation en microcrédit ce qui allait tout-à-fait dans le sens de développer leur autonomie.
Sur les conseils de David Luther SANOU, conseiller en développement rural (Dezly consulting), nous nous sommes orientés vers le dispositif SECCA et avons été mis en relation avec un formateur spécialisé qui a beaucoup travaillé avec l’OCADES à Koudougou, M. Joseph BADOLO.
Il est à noter que Mil’Ecole n’est intervenue que pour payer le formateur et les kits matériels du démarrage. Il n’y a eu aucun apport de l’association pour l’épargne.
Qu’est-ce que le dispositif SECCA ?
C’est une Communauté d’épargne et de crédit interne.
Se constitue un groupe de 15 à 30 personnes qui souhaitent épargner.
Le groupe se dote de statuts et de dirigeants.
Le groupe se réunit chaque semaine et les membres cotisent lors de ces réunions (25 FCFA par personne en général) : l’argent est versé dans un fonds commun à partir duquel les membres peuvent faire des emprunts avec intérêts, le tout soigneusement noté dans un cahier
L’argent est conservé dans une caisse fermée à l’aide de 3 cadenas : la caisse et les clefs du cadenas sont confiés à des membres différents du groupe.
Une seconde caisse peut servir aux fonds d’urgence.
La durée du dispositif est de huit mois : au terme de cette période, les membres peuvent se partager l’argent, l’épargne aura été valorisée en fonction de la dynamique des prêts.
Les avantages du dispositif SECCA
De l’argent est épargné en lieu sûr
Les membres ont accès à des crédits pour des projets de leur choix et aussi à des aides d’urgence
Le système renforce les liens sociaux et l’entraide
La mise en œuvre du dispositif SECCA
Une phase de sensibilisation d’une durée de 8/9 semaines pour expliquer le dispositif et constituer les groupes et la base de l’épargne.
L’acquisition d’un kit pour chaque groupe : une caisse, trois cadenas, un cahier, des stylos, deux sacs pour séparer les fonds (épargne et aide d’urgence), une règle et une calculatrice.
Un suivi régulier les trois premiers mois pour permettre aux groupes de mener les opérations d’épargne et de crédit
Description de l’expérience
– Année 2018-2019 –
6 groupes (de 13 à 30 femmes) de 5 groupements différents (168 femmes) se sont engagés dans le dispositif, débuté à la fin de la saison de pluies pour la plupart.
La formation pour chaque groupe a duré 8 mois, accompagné par M. BADOLO, animateur exemplaire de cette formation d’épargne solidaire.
Les groupes se sont réunis une fois par semaine et chaque membre cotisait au moins 25 FCFA (ou plus selon leur choix) pour constituer leur épargne.
Durant les 8 mois des prêts, qui se font avec intérêts au sein des différents groupes, sont utilisés selon leur choix pour des activités de transformation (achat de matières premières pour transformation du karité ou du soumbala, sésame, dolo, arachides, jus divers…), petite restauration (beignets, farine, gâteaux et galettes), petit commerce (charbon de bois, savon, cola, stockage amandes de karité, gombo, poisson fumé…).
Une petite part de l’épargne a été mise de côté en tant que « Caisse de solidarité » ou « Fonds social » prémices d’un fonds d’urgence, (sécurité sociale). Celle-ci n’est pas récupérée.
Le jour de récupération de son épargne
Juin 2019 – C’était jour de fête !
Après huit mois, en juin, les femmes se repartagent l’épargne et chacune récupère une somme valorisée, mais variable en fonction de l’épargne déposée par chacune d’elles.
Lors de la remise, les enveloppes variaient entre 15 000 et 70 000 FCFA (23 € et 107 €).
Ce sont plus de 5 millions de CFA qui ont été redistribués avec une valorisation moyenne de 17%.
A l’entrée de la grosse saison agricole et de la période de soudure, cette épargne va permettre de conduire les travaux, d’acheter des produits à valoriser ensuite ou des outils, de compléter la nourriture de la famille, voire de mettre de côté pour la scolarisation des enfants à la rentrée d’octobre.
Le bilan 2018-2019 en FCFA
Groupements |
Effectifs |
ÉPARGNE cumulée redistribuée |
Caisse de solidarité |
Intérêts des prêts |
ÉPARGNE TOTALE redistribuée |
Rendement |
Neb la naam |
30 |
999 650 |
85 000 |
215 375 |
1 215 025 |
22 % |
Lagema taaba 1 |
30 |
1 101 850 |
85 500 |
167 500 |
1 269 350 |
15 % |
Lagema taaba 2 |
30 |
510 500 |
51 000 |
90 500 |
601 000 |
18 % |
Sougri nooma |
27 |
727 250 |
75 600 |
206 900 |
934 150 |
28 % |
Watinooma |
20 |
486 450 |
53 000 |
121 075 |
607 525 |
25 % |
Namanegbzanga |
31 |
545 500 |
51 150 |
104 750 |
650 250 |
19 % |
TOTAL |
168 |
4 371 200 |
401 250 |
906 100 |
5 277 300 |
21 % |
– Année 2019-2020 –
2ème année
L’écho rencontré au village par cette formation SECCA a été important : ce sont 285 femmes et 2 hommes répartis en 12 groupes qui se sont constitués, 2 groupes dans chacun des 6 groupements. La répartition aura permis de ventiler une épargne valorisée de l’ordre de presque de 11 M de FCFA à la fin de l’année 2 (2019-2020).
– Année 2020-2021 –
3ème année
226 membres des 6 groupements répartis en 9 groupes ont pris part à cette activité qui a débuté en août 2020 : Neb-la-Naam, Lagamtaaba, Sougr-Nooma ont formé chacun 2 groupes et Namanegzanga, Watinooma, Wend la Konta, 1 seul groupe, ces 3 groupements bénéficiant depuis cette année d’un autre programme d’Epargne animé par l’ONG Plan International pour favoriser la scolarisation des enfants.
Le partage des épargnes et des bénéfices qui devait être fait en juillet 2021 a finalement eu lieu le 9 Octobre 2021. Ce décalage découle de la volonté des membres cotisants qui ont émis le souhait de recevoir leur part à l’orée de la rentrée scolaire pour leur permettre de faire face aux dépenses afférentes.
La répartition aura permis de ventiler une épargne valorisée de l’ordre de plus de 12 M de FCFA.
Une formation complémentaire a été dispensée par Mr Badolo en décembre 2020 pour initier une version totalement en moore des cahiers de suivi des groupes d’épargne afin de faciliter l’autonomisation des femmes en articulation avec l’alphabétisation (qui se fait en mooré rappelons-le). Ont été associés à la formation, des femmes de Rialo, village voisin, (l’une d’elles ayant suivi l’alphabétisation à Ouoro) afin de tenter d’anticiper la structuration d’un dispositif Secca demandé dans ce village.
Voir en pdf : Les tableaux de résultats des 3 premières années
– Année 2021-2022 –
4ème année
Comme l’année précédente 9 groupes fonctionnent…Les épargnes se font entre 250 et 2500 FCFA de dépôts hebdomadaires et le dispositif va fonctionner pour la première fois sans aucun financement Mil’Ecole : ce sont les groupes d’épargne qui rétribueront les interventions de M. BADOLO.
Cependant pour une compréhension plus élargie des cahiers de suivi des groupes d’épargne à remplir, une formation assurée par Mr Badolo (financée par Mil’Ecole) doit être faite dans le cadre de l’alphabétisation fonctionnelle pour les 30 femmes du 2ème groupe d’alpha.
Élargissement du dispositif dans le village voisin de RIALO où 2 groupes d’épargne fonctionnent en autonomie sous la conduite de la femme du village qui avait suivi avec succès la première vague d’alphabétisation à Ouoro. Les 2 groupes payent eux-mêmes Monsieur Badolo pour son accompagnement.
Pour soutenir cette initiative, nos correspondants vont leur proposer une formation de renforcement des compétences sur 2 ou 3 jours, animée par M. BADOLO et financée par Mil’Ecole.