l’internat de Bokin est l’un de ces pensionnats qui favorisent la poursuite d’études secondaires pour des jeunes filles issues de familles rurales qui doivent quitter leur domicile pour aller au lycée dès la 6ème. Sans internat pour pouvoir aller au lycée, elles doivent bien souvent travailler comme petites bonnes dans des familles de la ville en contrepartie du logement et éviter tous les dangers de grossesse précoce si bien que beaucoup de familles préfèrent leur faire arrêter les études. En 2023 Mil’Ecole y a financé une salle de travail et un logement de gardien (Voir notre article)

Les foyers améliorés en banco

Ils sont bâtis à partir de la tradition des trois pierres, et fabriqués en matériaux locaux : banco de termitière ou de bas-fond concassé, de la paille de brousse pilée et du crottin d’âne bien mélangés pendant une semaine avant la fabrication.
Ils sont construits à la taille de la marmite. Donc il peut y avoir plusieurs foyers si l’on utilise plusieurs tailles de marmite dans une même cuisine.
Après séchage ils seront installés dans les cours familiales.
Une vidéo de 2015 par RFI montre comment sont confectionnés ces foyers améliorés en banco à partir du foyer traditionnel 3 pierres : BURKINA FASO : les femmes révolutionnent les foyers avec Tiipalga

La préparation des repas à l’internat de jeunes filles à Bokin

A l’internat ce sont les jeunes filles elles-mêmes qui préparent leur repas cuit, comme au village, sur des foyers 3 pierres. Il leur faut régulièrement se ravitailler en bois.
« Avant chaque weekend, j’étais obligée d’aller chercher du bois pour ma cuisine. Et pour trouver le bois il faut aller à plus de 3 km en chercher ou acheter. Mais je n’ai pas les moyens pour acheter. Parfois c’est de retour de mon village de plus 20 km à vélo que je transporte mes vivres et le bois. Ce ne pas facile et le bois finit vite. » dit Neymata SAWADOGO, pensionnaire à l’internat.

Vers l’idée d’une formation pour construire de foyers améliorés

Dans les discussions que nous, Mil’Ecole, avons eu avec Lazare ZANGO lors de notre mission de janvier-février 2024, nous avons cherché comment faciliter la préparation des repas aux pensionnaires.
La construction d’une cuisine n’était pas dans nos capacités financières et aurait sans doute conduit à employer une cuisinière et, de ce fait, à augmenter les frais d’hébergement qui sont en soi un frein pour beaucoup de familles rurales.
En prenant appui sur nos expériences, menées dans les villages de Ouoro (voir notre article)  et de Sogoba (Mali), nous avons proposé de financer une formation pour construire au pensionnat des foyers améliorés qui pourrait soulager les pensionnaires quant au temps passé à collecter du combustible, mais aussi à préserver l’environnement local d’une trop grande pression sur les arbres.

Pour cette activité, le chef de service de l’environnement de la commune de Bokin a prêté main-forte en mettant à disposition deux de ses agents pour la sensibilisation sur les méfaits de la coupe abusive du bois et le bien-fondé de l’utilisation des foyers améliorés.

Cette formation a été ouverte aux femmes des environs du pensionnat :
Femmes des envions et femmes déplacées internes réfugiées suite aux attaques djihadistes

Extraits d’interviews de femmes ayant participé à la formation

Vous pouvez voir ces interviews dans Le Rapport de formation Foyers Améliorés à Bokin en 2024 très illustré

Neymata SAWADOGO : je suis pensionnaire à l’internat. J’ai pu participer la formation de bout en bout. Et j’utilise le foyer que j’ai confectionné moi-même pendant la formation. Je l’ai fabriqué en fonction du numéro de ma marmite. Maintenant j’utilise moins de bois et la cuisson est plus rapide. J’ai aussi le temps pour les révisons des cours. J’essayerai de fabriquer quand je vais rentrer pour les vacances.

Je suis Sanata SAWADOGO : je vis au village. J’ai suivi la formation et ça m’a aidé beaucoup. Après la formation j’ai pu réunir les composants et je viens de fabriquer moi-même dans mon quartier. C’est très bénéfique. Déjà avec ce modèle de foyer j’arrive à les déplacer comme je le désire dans la cour. J’utilise le moins de bois maintenant qu’auparavant la cuisine et les flammes ne me dérangent plus….

Je m’appelle Marietou: Les gens nous appellent des personnes déplacées internes (PDI). Nous sommes venues vivre à Bokin avec toute notre famille à cause de l’insécurité dans notre zone. Comme vous avez remarqué, on était nombreuses mes mamans, sœurs et cousine à prendre part de la formation. Cette formation était une très bonne opportunité pour nous….
…. C’est pourquoi après la formation nous essayons de mettre en pratique. Certaines femmes du quartier qui avaient même pris part à la formation demandent déjà mes services. Elles n’avaient pas pu bien assimiler la formation. Je leur donne un coup de main pour la confection des foyers améliorés. Pour le moment je le fais gratuitement mais par la suite, je pense que je demanderai un peu d’argent car la vie n’est pas facile chez nous. Nous sommes des déplacés et pour avoir même à manger c’est très difficile…
…C’est trouver la matière pour la fabrication qui nous cause des problèmes seulement car ce n’est pas n’importe quelle terre qu’on utilise pour la fabrication. Les autres éléments aussi paraissent simples mais difficiles à trouver pour nous.

Mil’Ecole – Février 2025