2017-2018
Ouoro est un village où Mil’Ecole travaille avec les populations depuis 4 ans : constitution de groupements et formations diverses.
Voir l’ensemble de nos articles qui relatent nos activités dans le village : OUORO
En cet automne 2017 lors des récoltes nous les voyons dans la peine avec une disette annoncée…
Origines du projet
Lors de notre mission d’octobre 2017, nous avions constaté l’impact dramatique sur les récoltes en cours du déficit pluviométrique de la saison des pluies 2017 : 2 grosses poches de sécheresse, l’une en juillet, l’autre en aout, et l’arrêt des pluies dès septembre… Il était donc évident que la situation allait être compliquée en 2018 en période de soudure (fin de la saison sèche) : la disette allait être aigüe au moment de la reprise des gros travaux des champs en juin 2018 et en plus le coût des céréales allait flamber.
Comparaison de champs d’arachides en 2017 avec 2016
Comparaison d’épis de sorgho en 2017 avec 2016
Il avait alors été décidé, avec nos correspondants, et après dialogue avec les populations locales de dégager des fonds pour constituer sur Ouoro un stock alimentaire d’urgence, avant la spéculation. Une somme de 6 600 € a ainsi été provisionnée sur le budget de Mil’Ecole pour cette action.
Acquisition et gestion du stock
C’est en novembre 2017 que nous avons acquis le stock : après étude des acteurs de terrain, nous avons déterminé les besoins à une vingtaine de tonnes…
Il a été décidé avec les populations locales que le stock serait acheminé au village, entreposé dans des magasins du marché local (loués à cet effet), puis ensuite proposé à un prix « social » à déterminer le moment venu en fonction des capacités de paiement de la population. De façon unanime, les populations ont elles-mêmes décidé que ces ventes ne débuteraient qu’au moment de la reprise des travaux agricoles bien qu’au mois de mars le manque se faisait déjà sentir…
De ce fait les ventes ont eu lieu sur deux jours à la fin du mois de juin 2018.
Prix « social », qu’est-ce que c’est ?
D’emblée, il avait été convenu que Mil’Ecole prendrait en charge tous les frais de logistique de l’opération : le coût du transport des céréales vers le village, la location des deux magasins, les frais de gardiennage, les émoluments des personnes chargées sur place de l’organisation de la vente, l’acquisition de palettes pour isoler le stock du sol, le traitement de ces palettes contre les termites, les frais liés à l’organisation de la vente – carnets de reçus – et à l’ouverture d’un compte spécifique).
mais aussi créer un différentiel entre le prix d’achat (autour de 18 000 FCFA les 100 kg, en novembre !) et le prix vendu (fixé à env. 13 300 FCFA les 100 kg)…
Maintenir l’idée d’un prix social, c’est aussi donner de la valeur à cette action et ne pas risquer de faire tomber les populations locales dans une logique d’assistance qui pourrait ruiner les efforts faits en termes de formations agricoles pour améliorer les productions locales (ce que nous faisons à Ouoro depuis 2015)
Bilan de l’opération
777 familles ont pu bénéficier de la ventilation de ce stock d’urgence :
si nous avons touché en priorité les familles impliquées dans les groupements associés à nos actions, nous avons aussi étendu l’accès aux autres familles du village et même aux familles du petit village voisin de Ouettin et « donné » à des populations vulnérables repérées par le comité villageois de pilotage (personnes âgées ou en situation de handicap, femmes isolées). En tenant compte de la démographie locale,
Il est ainsi probable que l’action ait pu toucher entre 7 000 et 8 000 personnes…
Le produit des ventes au prix social 2 824 000 FCFA (4 305 €) est actuellement déposé en banque
L’opération aura donc au final nécessité un investissement de 1 499 000 FCFA (2 285 €) pour Mil’Ecole, soit environ 35% du budget initial dégagé pour cette opération.
Les sommes collectées ne seront pas rapatriées en France, mais vont servir à financer la suite des formations des groupements de femmes dans le cadre de notre programme d’action 2018
Voir notre article : Comptes rendus des formations agricoles et autres – 2018 – dans le village de OUORO